Le Ma : intervalle, transition, pause, respiration, passage

- incarne et s’incarne dans tous les éléments qui permettent de relier "et/ou" de séparer un lieu d’un autre, un temps d’un autre ;

- au niveau de l’espace ou du quotidien : portique, seuil, marche, galerie, chemin de gravier…

- permet aux sensations de s’épanouir, force cachée du Ma, codes imperceptibles favorisant une harmonie entre soi et l’espace ;

- est aussi un certain type d’intervalle dans la musique et la danse traditionnelle ;

- temps de silence dans la diction ;

- privilégie les blancs et le néant en tant qu’ils appellent à y percevoir une infinité de significations ;

- combinaison d’un vide, d’un silence, d’un arrêt, d’une pause, d’un décalage ;

Le Ma introduit dans la suite des signes qu’impose un émetteur quelconque, des zones libres où le récepteur a le besoin d’inscrire la signification de son goût.

Le Ma est aussi associé à la notion de bordure, le bout, le liseré, le cadre, la plateforme ou véranda qui ourle la maison traditionnelle et où l’on n’est ni vraiment dehors ni vraiment dedans.

Le Ma sépare tout en reliant.

cf. « Le sens de l’espace au Japon », d’Augustin Berque, Éditions Arguments

Laisser ouvert le passage, avec bienveillance et aussi recueillement.

J'ai vu aujourd'hui beaucoup plus que jamais,

ou plutôt j'ai vu que je n'avais encore jamais vu, une très formidable

- au sens de la force et de la puissance -

profondeur sous les écritures, aussi démesurée qu'un paysage

quand du haut de l'infini du ciel courent sur lui les nuages.

Cela éclate dans le tableau Ma 10 où l'infini

qui s'arrête à peine dans des formes esquissées à l'arrière,

vient soutenir de sa chair l'écriture sur le devant.

Je vois ce que je ne pouvais voir avec mes yeux seuls.

P Jakob